Ca fait longtemps que je n’ai pas vraiment râlé sur cette page. D’ailleurs, ça fait longtemps que je n’ai pas vraiment râlé tout court dans ma vie. Ronchonné oui, mais pas sorti un truc du fond de mes tripes.
C’est à propos de la blessure de rejet. Oui la fameuse. Vous savez celle qu’on nous vend à tout va comme celle du runner. Pas celle du chaser. Non non. La chaser c’est celle de l’abandon. J’avais bien senti à un moment cette peur, mais elle ne pouvait pas être mienne, moi je suis chaser, j’ai pas de peur de rejet. Et pourtant.
Grâce à une amie très proche j’ai pu vivre cette expérience. C’était pas prévu, en tout cas par nous, mais potentiellement par nos guides. Quinze jours très difficile. Difficile sans pouvoir comprendre le pourquoi du comment. Difficile par l’intensité des émotions, par leurs incrustations dans mon corps. Plus envie de manger durant deux jours. Du jamais vu pour moi qui aime tant manger. Bref.
J’étais passé à côte de cette putain de blessure. Je suis passé durant tout ce temps. Même quand tu crois avoir compris comment tu fonctionnais, tu te prends des coucous du destin, si je puis dire, pour te montrer qu’en fait, tu ne sais pas tout.
J’ai voulu aller lire tout ce qui évoque cette blessure, je voulais comprendre, je voulais m’en débarrasser. Surtout m’en débarrasser. Je ne pouvais accepter cette blessure, il fallait qu’elle cesse.
Pas de bol, la première étape pour la guérir c’est de l’accepter. Ouch ça pique. Accepter d’avoir cette faiblesse en moi. Tellement difficile de savoir que l’on a une faiblesse quand on a toujours foncé pour être le plus parfait possible. Bah oui. La perfection. Cette saloperie ambulante. Syndrome clair du besoin de ne pas être rejeté mais qu’on trouve normal quand on a le nez dans le guidon. Si je ne suis pas parfait, je serais rejeté. Même si dans ta tête, tu sais que tu ne peux pas être parfait. Impossible. Mais pourtant, tu essayes. Tu veux être parfait pour les autres. Pour ta chérie, pour ton autre. Peu importe qui, parfait pour tout le monde. Tout le monde ? Non un village d’irréductible n’est pas dans cette liste. Un village comptant un seul habitant : moi.
Je ne devais pas être parfait pour moi. Pour quoi faire ? Les autres sont plus importants que moi. Autre syndrome de la blessure de rejet. Pour ne pas être rejeté, je dois considérer les autres comme plus importants que moi. Sinon, ils vont me repousser. Alors, tu fais des pieds et des mains pour eux. Mais pour toi, rien ou presque. Oh si de temps en temps, quand tu te retrouves seul face à toi même, tu arrives à penser à toi, à te faire des plaisirs. Mais si une personne rentre de nouveau dans ta vie, tout ça n’est plus important. L’autre devient plus important.
Quand l’autre est plus important que toi, ça s’appelle tout simplement ne pas s’aimer. Ne pas s’aimer assez en tout cas pour être capable de poser des limites, de dire non à des choses qui ne te conviennent pas.
Pourtant on la connait tous cette phrase : l’important c’est de s’aimer d’abord. Oui on la connait. Mais la mettre en pratique c’est tout autre chose. Surtout quand la blessure de rejet est bien planquée derrière. S’aimer d’abord si c’est pour perdre l’autre, quel dilemne. Quel cruel dilemne. Mais il faut trouver comment s’aimer. Et pour trouver ça, il faut apprendre à se connaître. Alors oui, il y a l’introspection qui aide énormément pour se connaître. Mais là encore, cela reste dans le “virtuel”. Se connaître c’est faire face à soi lorsqu’il y a des situations qui nous demandent de nous positionner, de donner des limites.
Lorsqu’on est capable de poser une limite, on devient capable de savoir ce qui est bon pour nous de ce qu’il n’est pas. Mais putain, poser une limite quand on a la blessure de rejet, c’est presque impossible. Poser une limite et risqué d’être rejeté ? Jamais.
Comment faire des choix bon pour nous dans une vie quand on est dans cette blessure sans même le savoir ? Chaque choix est guidé par cette peur. On ne vit pas, on survit entre les gouttes. Entre les gouttes de rejets supposés. Parce que oui, en plus, la plupart des rejets sont supposés. C’est bien ça le pire. On va diriger sa vie selon des choses qui n’existent même pas.
On ne va pas prendre une décision dans tel sens par peur de subir le jugement des autres. Et pourtant, il arrive que quand on la prends, rien de tout cela n’arrive.
On va interpréter l’acte d’une personne comme un rejet, alors que dans la personne en face, il n’en est rien.
Comment sortir de là ? Pas d’un coup, ça c’est sûr. Surtout si comme moi, ça fait déjà un paquet d’années qu’on navigue dedans. Je dirais que la façon la plus douce pour y arriver, c’est de s’observer. Se regarder faire des choix de vie. Se demander avant ou après, peu importe, sur quoi ces choix ont été basé. La peur ? L’amour de soi ? C’est se demander si tout ce qu’on pense aimer est causé par cette peur ou non? Tout ce qu’on pense ne pas aimer est causé par cette peur ou non ? Et puis c’est se confronter à la vie pour continuer d’en savoir plus sur soi.
C’est ça finalement le comble, cette blessure qui t’empêche de vivre, la seule façon de la guérir c’est de vivre sa vie. De la vivre en conscience.
Mais pour ça, il faut savoir que l’on a cette blessure. Alors pour finir mon coup de gueule en beauté, si je trouve ce connard qui a dit que seuls les runners ont la blessure de rejet, je lui pète les rotules.
Connard. (Ouais je sais c’est pas bien, mais ça fait du bien)