Cette grande question. Enfin pas si grande, puisque finalement, on ne se la pose pas très souvent. Voir jamais. On va dire qu'elle est grande parce que la phrase est longue ? Allez, dites oui.

Depuis tout petit on nous demande ce que l'on veut dans la vie. Ce que l'on veut avoir, ce que l'on veut faire, voir dans le meilleur des cas, ce que l'on veut être. Toujours une question de volonté. Bah oui, tout ce qu'on a vient forcément de notre volonté.

Quand on tombe dans le bain du développement personnel puis de la spiritualité, on a le droit à tous les discours :

- Si tu n'as pas ce que tu veux, c'est que tu n'as pas assez fait d'effort
- Si tu n'as pas ce que tu veux, c'est que tu ne le veux pas assez
- Si tu n'as pas ce que tu veux, c'est que tu as mal utilisé la loi de l'attraction
- Si tu n'as pas ce que tu veux, c'est que tu n'as pas bien demandé à tes guides
- Si tu n'as pas ce que tu veux, c'est que tu n'as pas bien écouté tes guides
- Si tu n'as pas ce que tu veux, c'est de ta faute.

En gros c'est ça. C'est de ta faute. Ou c'est le karma. Mais si c'est le karma, c'est quand même de ta faute d'une autre vie. C'est pour ta gueule. Si tu avais utilisé aussi la loi de l'attraction correctement aussi...

Hey, tu sais quoi ? Tu sais où tu peux te la mettre ta loi de l'attraction ? Insiste encore à dire que c'est de ma faute, et tu risques de plus pouvoir t'asseoir quelques temps tellement je vais la mettre profond ta loi... Bon, pardon, je m'égare.

Le truc, c'est que la culpabilité ne sert pas à grand chose. Si ce n'est vous sentir encore plus mal que vous ne l'êtes. Genre tu veux un truc, tu ne l'as pas, et on te sort qu'en plus c'est de ta faute. Nan mais oh.

Et la question qu'on ne se pose pas, c'est de se demander si ce que je veux, c'est bien pour moi ou pas. Alors, comment le savoir ?

Bah on ne peut pas.

Mince.

Ou alors trop tard. Tu sais, quand tu as le truc, mais que tu vois toutes les emmerdes qui vont avec. Ou alors quand tu as le truc et que du coup, bah, tu ne sais plus quoi faire ensuite. Tout de suite, le désir de l'avoir à disparu, donc bah, plus d'envies d'avancer.

Savoir ce que l'on veut, c'est nous demander d'avancer quoiqu'il arrive. Pourquoi on cherche à avancer ? Parce qu'on veut mieux que ce qu'on a aujourd'hui. Ok, ça semble valide comme demande. Donc ce qu'on a aujourd'hui nous plait pas. On veut mieux. On veut plus.

Mais qu'est ce qu'on veut au final ? Qu'est ce qui regroupe toutes ces envies ? Quelle est l'envie finale ?

On a envie de se sentir vivant. Certain vont faire des soirées à gogos, d'autres vont partir dans des sports extrêmes, certains vont fumer/boire etc pour oublier qu'ils ne se sentent pas vivant. Demain sera mieux, demain je serais vivant. Demain, je me sentirais vivant.

C'est par exemple pour cela qu'on se sent si bien dans une relation amoureuse, surtout au début. On se sent vivant. Sentir l'autre près de soi. Sentir l'amour qui déborde de notre coeur. Sentir ce désir si profond pour l'autre. Toucher l'autre, sentir ce corps sous nos doigts, sentir ces doigts sur notre corps. Etre touché, toucher, nous permet de nous centrer sur le moment qui est là maintenant. C'est ça être vivant, se sentir vivant, c'est être là maintenant, dans l'instant présent.

Donc quand on va pratiquer des activités intenses, on cherche une seule chose, sentir le moment présent. On a l'impression que la vie sans cela, n'est pas une vie, on se sent coupé de la vie.

Le truc si on n'y fait pas gaffe, c'est que nous projeter dans le futur, dans un futur meilleur, c'est nous couper du présent. En pensant que demain sera mieux, on oublie de vivre aujourd'hui. Alors certes, on peut imaginer ce que cela sera demain et on peut se sentir mieux quelques instants en rêvant. Mais cela va stopper à un moment. Et là, que fait on ? Souvent des activités de dépendances, fumer, boire, regarder la TV, scroller toute la journée sur Facebook, lire toutes les chroniques de Fanch.

Regarder demain et se dire que ce sera mieux, c'est fuir. Fuir l'instant présent. Celui où l'on peut s'extasier devant un paysage, devant la couleur du ciel avec ses petits nuages cotonneux, sentir le vent qui glisse le long de notre visage. Il nous semble tellement dangereux de profiter de ce moment qui est juste là parfois. Dangereux car si on ne prépare pas demain, on risque de louper demain. Alors, on va faire et faire et faire, contrôler, préparer, vérifier, se fatiguer (mais c'est pour la bonne cause se dit on). Si je loupe demain, je risque de rater ma vie. Si je ne fais pas les choses telles qu'elles doivent être je risque de ne pas avoir ce que je veux. On en revient là.

Qu'est ce qui est le mieux selon vous ? Vivre chaque instant ou toujours projeter un meilleur lendemain ? Vivre à fond tout ce qui se présente ou bien faire attention à tout pour ne pas avoir mal demain ? Accepter ce qui est là maintenant, ou se battre pour que demain soit mieux ?

Je ne sais pas pour vous, mais moi, le choix est désormais fait.