Il parait que je ne suis pas mes pensées. C'est en tout cas ce qu'on peut lire facilement dans toute littérature spirituelle. Qu'est ce que ça veut dire ? Ca veut dire que si j'ai une pensée, elle ne me définit pas. Je peux avoir une pensée pas jolie, ou au contraire très belle, elle ne change pas pour autant qui je suis.

Pourtant, nous passons nos journées avec nos pensées. J'aurais du faire ci ou ça. Je ne devrais pas faire ci ou ça. Je ne dois pas penser à ma jumelle, je ne dois pas penser à la retrouver etc.

Si je vous dis de ne pas penser à une chaussure, vous pensez à quoi ? Une chaussure. Donc même si nous ne sommes pas nos pensées, nous ne pouvons pas ne pas penser. Et ces pensées ont quand même un impact sur nos vies. Alors comment faire ?

Il est plutôt courant d'entendre qu'il faut juste ne pas s'accrocher à nos pensées. Les laisser juste filer, sans y prêter attention. Soit. Pourtant, nous nous mettons à penser qu'il ne faut pas s'accrocher à nos pensées. Est-ce que je dois aussi ne pas m'accrocher à la pensée de ne pas m'accrocher à mes pensées? Et si je le fais, est-ce que je vais penser à ne pas penser ? Vous voyez le noeud.

On se retrouve donc à courir derrière un truc après lequel il ne faudrait pas courir. Bon, je sais, ça rappelle des bons souvenirs à ceux qui ne courent plus après leur jumeau/jumelle, mais quand même.

Le truc qui manque quand on lit que nous ne sommes pas nos pensées, c'est que nous ne disons pas ce que nous sommes quand nous ne nous accrochons pas à nos pensées. Car c'est là, pour moi, toute l'astuce. Quand nous ne nous accrochons pas à nos pensées, nous devenons à ce moment là qui nous sommes. Dans sa forme la plus pure. La plus simple, la plus évidente. L'absence de pensée accrochée(s) en nous, nous permet d'être. C'est là toute la beauté de la chose. La seule façon pour moi d'être qui je suis c'est de ne pas m'accrocher à mes pensées.

Et lorsque nous sommes dans cet état, nous goutons enfin à nous même. Nous voyons nos schémas qui nous pourrissent la vie à longueur de temps, ou les croyances que nous mettons en place. Dans cet espace sans pensée, nous devenons un être sans forme, mieux que ça, nous nous rendons compte que nous sommes déjà nous mêmes et que ce sont nos pensées qui nous empêchent de continuer à l'être. Dès lors, une pensée qui arrive sera rejetée automatiquement devant la douceur d'être ce que nous sommes. Nous ne voulons plus sortir de cet état.

Il ne s'agit donc pas de se forcer à ne pas s'accrocher à nos pensées, mais d'arriver à sentir ce que nous sommes au delà de nos pensées. Et c'est ce sentiment de joie qui en émane qui nous permet sans aucun souci de nous séparer de nos pensées.

Vivre sans nos pensées, c'est ça commencer à lâcher prise...