Retrouvailles

Pour le coup, je ne l'ai pas vu venir. Ces retrouvailles là, je ne m'y attendais pas. Je les attendais sans même le savoir, je les ai pris dans la tronche sans m'y attendre.

Alors, pardon, pour toutes les personnes qui ont cliqué sur le lien en pensant que j'allais parler des retrouvailles avec une personne. Non, ce ne sont pas ces retrouvailles là. Ce sont des retrouvailles bien meilleures, bien plus intenses, bien plus réelles. Les retrouvailles avec moi même.

J'étais parti me promener comme tous les jours avec mes deux loulous (qui vous aboient gentiment aux oreilles, vous mes fidèles lecteurs-lectrices.). Lors de ces balades, je me pose souvent une question avant d'y aller, et je laisse le chemin me trouver la réponse. Ou plutôt la réponse me trouver. D'ailleurs j'ai longtemps cru que c'était moi qui trouvait les réponses, mais en fait, c'étaient les réponses qui me trouvaient.

La question du jour concernait les relations amoureuses que j'ai vécu. Qu'est ce que j'allais chercher dans ces relations, qu'est ce que j'y trouvais, qu'est ce que j'y perdais ?

La réponse me fut donnée au début du chemin. C'est jamais bon quand ça arrive au début du chemin. Cela signifie à chaque fois que ce n'est pas vraiment la bonne question que je me suis posé, ou alors que la réponse est bien plus complexe que ce que j'ai reçu.

Bref, la réponse fut simple. Dans les relations amoureuses, je me cherchais. A chaque fois. Chaque fois, j'allais dans une relation dans l'espoir de me trouver enfin. Je ne le savais vraiment pas, à part dans ma dernière relation où je me suis réellement trouvé  face à moi. Et quand elle a disparu, c'était comme si j'avais disparu à moi même. Là encore, je peux mettre les mots maintenant, à l'époque je ne le pouvais. J'avais juste senti un grand vide en moi, un départ de moi même, limite un coeur que l'on arrache. En tout état de cause, une part de moi était clairement partie avec elle.

Cette fois par contre, je ne voulais pas retrouver cette part ailleurs, je ne voulais pas recommencer cette recherche chez une autre personne.

C'était donc ça, je me cherchais. En effet, quand je suis dans une relation, par la simple présence de l'autre, je me voyais en miroir. Mais plus encore, ce que je sentais en moi, c'était moi. Je n'arrivais pas à comprendre comment cela était possible de me sentir moi uniquement quand j'étais en relation.

Et puis, je suis allé plus loin sur le chemin, je suis allé chercher en moi les sensations que je vivais quand j'étais en relation. Ce sentiment si familier de connaître l'autre. Je me suis rendu compte que ma sensibilité explosait en la présence de l'autre. J'ai toujours été un hyper sensible, et quand je suis avec une personne, ma sensibilité est finalement focalisée sur l'autre, je ne me perds plus dans tous les sens, dans tous les ressentis que j'ai, dans toutes les informations que je reçois en continue.

Mais ce qui fut le coup de grâce, c'est quand je me suis rendu compte que ce que je sentais lors de cette focalisation venait de moi. Que quand j'étais dans cette sensibilité immense, je me retrouvais moi. Tous ces ressentis venaient de moi, passaient par moi finalement. Ah bon, mais si ça passe par moi, je suis où moi ?

Et là, je ne sais comment l'expliquer. C'est comme si mon point de vue a changé d'un coup, j'ai cessé de me regarder de l'extérieur, j'ai cessé de regarder les choses, je me suis retrouvé à vivre toutes les choses, à la fois à observer les ressentis et les vivre. Il n'y avait aucune séparation entre l'observation des ressentis et le fait de les vivre. Je ne faisais plus qu'un entre l'observation et les ressentis.

J'étais devenu l'observateur et les ressentis. Je n'étais pas l'un ou l'autre, j'étais les deux. Je me suis arrêté sur le chemin. J'ai regardé autour de moi. J'étais aussi le chemin, j'étais aussi la plante qui était à côté de moi. J'étais l'oiseau qui s'envolait, j'étais le bruit de l'oiseau, j'étais son chant. Tout s'est emballé très vite dans ma tête, je ne faisais plus aucune différence entre le monde et moi, tout n'était plus qu'un. Et ces mots ont claqué dans ma tête : "Je me suis retrouvé". Les pleurs ont coulé. Des pleurs de joie. Des pleurs de surprises. Je me suis retrouvé.

Alors que j'ai toujours cherché à me retrouver, j'étais là depuis toujours. Je me cherchais dans une relation, Je croyais parfois me perdre dans une relation, alors qu'en fait, j'étais là, j'étais le tout depuis toujours. Etre le tout, me paraissait par moment en spiritualité la plus belle entourloupe qu'on pouvait essayer de me faire gober. Mais le vivre c'est autre chose. J'étais là, j'étais le tout.

Avec du recul depuis cette expérience, je me rends compte, que le seul moyen de se retrouver c'est de ne faire plus qu'un avec le monde. Ce n'est pas en se définissant, en se séparant des autres, en abordant l'extérieur comme séparé de soi que l'on se retrouve, mais vraiment uniquement en étant en harmonie avec la totalité du monde, peu importe l'état du monde.

Se retrouver, c'est se perdre dans l'immensité du monde.

Se retrouver, c'est disparaitre.


Retrouvailles
Fanch 7 mars, 2021
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