Témoignage d'un runner

Qu'il est facile de me cacher derrière un masque. Me masquer. C'est la mode maintenant il parait, moi je le fais depuis toujours, ou presque. Tellement facile, que je ne savais même pas que je le faisais. Rien, aucun signe nulle part.

Quand je vis quelque chose de trop difficile à regarder, je me cache. Je pose mon masque sur mon visage, et tout va bien. Je suis en sécurité derrière ce masque. Rien ne peut traverser ce masque.

L'amour pour moi c'était simple, c'est tellement simple d'aimer. Mais d'aimer superficiellement. Juste en superficialité. Mon masque me permettait cela, vendre du rêve à n'importe qui, ne pas m'impliquer, surtout, ne pas m'impliquer de trop. Même ça, je ne le savais pas. Je n'en avais même pas conscience. Pour moi c'était cela aimer. C'était confortable. Je ne comprenais même pas pourquoi certains n'arrivaient pas à s'engager, pourquoi certains avaient peur de s'engager. Je le faisais moi, en tout sincérité. Mais ça restait en tout superficialité, sans même que je le sache.

Ne surtout pas montrer ma fragilité, ma vulnérabilité. Surtout pas, sinon, je serais rejeté. Je serais forcément rejeté puisque je ne suis pas à la hauteur de ce que les autres attendent de moi. Oh, pourtant, j'essaye depuis si longtemps... Convenir à tout le monde, savoir ce que chacun veut, presque en lisant dans les pensées, pour pouvoir leur offrir sur un plateau, pour ne surtout pas être rejeté. 

Et pourtant, je l'ai été. De nombreuses fois. Je suppose que c'est cela qui m'a enfoncé encore plus dans le déni de mes propres masques. J'avais beau me battre de toutes mes forces, j'étais au final toujours rejeté. Pourtant, on vantait ma façon d'être, tu es parfait, comment les autres filles ne le voient pas ? Tout en partant quelques temps après. Trop parfait parfois on me disait comme excuses. Quelle souffrance alors pour moi.

Bien sûr, je ne suis pas toujours derrière mes masques, je le suis de moins en moins. Non pas que j'avais vu mes masques mais que j'ai pris le soin de m'occuper de moi, de commencer à apprendre à m'aimer seul, sans besoin d'autres personnes.

Il y a quelques jours, j'ai vu mes masques pour la première fois. J'ai vu à quel point j'étais dans ce déni de moi même. Dans ce déni de qui j'étais pour faire plaisir aux autres.

Quand j'entends les chaser qui tapent sur les runners, ou ces idiots de "coachs" qui prétendent comprendre les runners en les accusant de tous les mots/maux. Désolé mes amis chasers, mais vous êtes responsables de vos propres souffrances, les runners n'y sont pour rien, ils ont déjà assez à faire avec eux. Car vous rencontrer n'est pas du tout une partie de plaisir pour nous. Oh oui, bien sûr, par moment, nous avons sans doute la chance de nous couper de nos émotions. Mais vous croyez que cela ne nous fait pas souffrir peut-être ? Bien sur que nous ne vous voyons pas forcément comme vous nous voyez, que nous n'avons pas conscience de ce lien autant sans doute que vous, mais croyez vous qu'il est simple pour nous de nous découvrir avec nos masques ? De voir que toute notre vie est basée sur du vide, du néant, du déni de nous même ? Croyez vous que nous avons le temps alors de nous occuper de vous comme des parents avec leurs enfants ? Vous prétendez nous aimer, mais savez vous vraiment le faire ?

J'ai la chance d'avoir rencontré mon autre, une femme extraordinaire. Je l'aime, elle m'aime. Jamais elle ne m'a jugé, jamais elle n'a été dure comme je vois certains chasers avec leur runner. Au contraire, elle a toujours été bienveillante, nous avons chacun encore des choses à traverser avant sans doute un jour nous retrouver. Mais toujours nous serons bienveillant l'un envers l'autre, quelque soit l'issue de ce parcours.

Mon défi du moment c'est de refuser tous mes masques. Je ne veux plus jamais en porter. Je ne sais pas qui je suis, ou plutôt qui est derrière ce masque. Je ne sais même pas si cela va plaire à mon autre, mais peu importe je ne veux plus me cacher.

A toi mon autre que j'aime du plus profond de mon être.

Témoignage d'un runner
Fanch 16 mai, 2021
Partager ce poste
Étiquettes
Archiver
Se connecter pour laisser un commentaire.
La blessure originelle